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  • chantalbielmannjam

Un sauvetage pour une vie




Il était une fois, dans un château magique, au coeur d’une contrée lointaine, une belle et jolie princesse nommée Sidonie. Lorsqu’elle eut onze ans, elle perdit sa mère. Pendant plusieurs années, elle fut inconsolable. Elle ne se remettait pas de la perte de cette mère qu’elle avait tant aimée. Elle avait peur de l’oublier, que rien d’elle ne lui reste.

Peu à peu, elle accepta cette absence. Elle ouvrit à nouveau son cœur et épousa un prince de la contrée voisine. Elle espérait qu’il comblerait le vide qu’elle ressentait, mais ce ne fut pas le cas. Son jeune époux en effet partait régulièrement à la guerre, afin de conquérir de plus en plus de territoires ; et quand ce n’était pas la guerre qui le tenait éloigné de son foyer, c’était la chasse. Il n’aimait rien tant que chevaucher, à tout vent, avec ses compagnons d’armes.

Sidonie restait donc seule au château. Un jour passait. Un deuxième jour passait. Un troisième jour passait... Ils se ressemblaient tous et la princesse s’ennuyait de plus en plus. Son sentiment de solitude ne faisait que s’accroître avec les années.


Un jour, alors que son époux guerroyait à nouveau quelque part, elle eut une idée assez folle : « Et si je partais explorer le village ? J’ai toujours vécu dans le château, sans jamais en sortir. Je veux moi aussi voir du pays ! », se dit-elle. Pour qu’on ne la reconnaisse pas, et qu’elle puisse se promener librement, sans être importunée, elle prit l’habitude de se déguiser et d’aller au village pour se fondre dans la foule vivifiante des villageois et dans l’animation des rues. Ces escapades lui rendaient le goût de vivre.

Par une belle journée d’automne, alors qu’elle était descendue au village pour goûter à l’effervescence du marché, la princesse vit une vieille vendeuse de pommes s’écrouler au sol, derrière son stand. Ayant bon cœur, elle se précipita au secours de la malheureuse. Cette dernière l’implora faiblement de l’aider. Elle était toute pâle et respirait avec difficulté. Ses traits étaient crispés par la douleur. La princesse Sidonie n’hésita pas un instant : elle soutint la vieille femme, et, pour s’assurer qu’elle n’avait pas de fièvre, elle ôta son gant et toucha le front de la malade. A peine avait-elle effleuré le visage de la vieille dame que celui-ci reprit comme par magie ses couleurs ; la respiration de la vieille dame redevint régulière ; ses traits se détendirent. Elle regarda la jeune princesse avec gratitude et lui dit : « Ma chère enfant, comment puis-je vous remercier d’avoir usé de votre don pour me sauver? »

- Je n’ai rien fait de plus que ce que mon cœur m’a dicté de faire. Je n’ai aucun pouvoir particulier, répondit Sidonie en souriant.

- Oh que si, vous avez un pouvoir ! Et je le connais. Dans cette contrée, une autre dame avant vous avait le même. Elle venait régulièrement au village, sous un déguisement, sauver les pauvres victimes innocentes de la guerre que se mènent sans cesse les hommes. Personne ne sut qui elle était avant qu’elle ne décède : c’était notre bien-aimée reine. Et maintenant, c’est vous qui possédez ce pouvoir ! Mais dites-moi, quel est votre nom ?

La princesse, surprise, décontenancée, prit la fuite sans même répondre à la question de la vieille dame. Elle courut se réfugier sur la tombe de sa maman. Elle commença à poser des questions à haute voix, comme si elle attendait une réponse :

- Ô, Mère ! Pourquoi m’as-tu caché ce secret ? Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu possédais le pouvoir de guérir les autres ? Et voilà que j’en suis l’héritière ! Que dois-je en faire, mère ? Dois-je en faire profiter le peuple ?

Des larmes coulaient le long du visage de la princesse Sidonie. Elle se sentait à la fois perdue, abandonnée et heureuse d’avoir ce lien avec sa chère maman. Épuisée, elle finit par s’endormir dans le caveau familial.

À son réveil, elle eut comme une illumination : elle savait qu’elle devait prendre son destin en main et mettre son don au service du peuple, comme l’avait fait sa mère.


Chaque matin, désormais, Sidonie se déguisait et partait au village. Elle aidait toute personne qui croisait son chemin, que soit un simple bébé ou un vieil homme. Elle se sentait utile, et proche à nouveau de sa mère. C’est à ce moment qu’elle apprit qu’elle attendait un heureux événement : elle allait à son tour donner la vie ! Tout semblait lui sourire et elle se sentait comblée. Le seul problème qu’elle rencontrait, c’est qu’elle perdait une mèche de cheveux à chaque fois qu’elle utilisait son pouvoir. Pour la Princesse, il n’y avait aucun lien entre ce don et les mèches de cheveux perdues... Mais elle se trompait ! Elle le comprit bien trop tard, quand elle commença à se sentir souffrante. D’abord, elle crut que c’était un effet de sa grossesse. Mais son état ne cessait d’empirer. Tous les médecins du royaume furent appelés à son chevet, sans qu’aucun d’eux ne comprenne d’où venait les problèmes de santé de leur souveraine... Cette dernière, qui avait toujours souhaité être mère, puisait ses forces dans le bonheur de porter la vie en elle et de soulager celle des villageois. Pourtant, plus elle exerçait son don, et moins elle avait de force : son pouvoir se nourrissait de sa propre vie à elle.

Enfin, un matin, Sidonie mit au monde une magnifique petite fille. Elle sentait bien qu’elle ne la verrait pas grandir, mais elle savait déjà qu’elle lui avait transmis en héritage le pouvoir qu’elle-même tenait de sa propre mère : elle sauverait elle aussi les autres, même au prix de sa propre vie.

Diana

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