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  • chantalbielmannjam

Sauvetage héroïque


Il y a bien longtemps, dans un village lointain situé au milieu des montagnes, vivait un petit garçon qui ne rêvait que d'une chose : être accepté par les enfants de son âge. En effet, depuis sa plus tendre enfance, Petitom passait la plupart de son temps seul, constamment rejeté par les autres, qui ne comprenaient pas son mode de vie, et qui le craignaient.


Petitom n'était en effet pas un petit garçon ordinaire. Il vivait seul dans une cabane au milieu de la forêt depuis son plus jeune âge. Ses parents l'avaient abandonné à sa naissance dans cette cabane avant de prendre la fuite. Par chance, une vieille femme avait assisté à la scène d'abandon et avait décidé de prendre le jeune garçon sous son aile. Dès lors, l’enfant et la vieille avaient vécu une vie de marginaux, isolés du monde extérieur, qui avait fait d’eux des pestiférés aux yeux des habitants du village. Pour ne rien arranger, la vieille passait pour une sorcière. Un villageois prétendait même qu’il l’avait entendue prononcer des mots dans une langue inconnue, et qu’il l’avait vue ordonner aux herbes et aux plantes de pousser autour d’elle, ce qu’elles avaient fait instantanément. Petitom lui, ne croyait pas un mot des sottises racontées par les villageois qu'il considérait comme des ignorants. Il était heureux avec la vieille, et pensait qu’il le serait toujours.


Malheureusement, la vieille tomba gravement malade. Malgré tous les soins prodigués par Petitom, elle s’affaiblissait de jour en jour. Sur son lit de mort, elle lui tendit d'une main tremblante un collier en or en lui disant : « Tiens, je possède ce collier depuis que je suis petite fille. Il saura te porter chance comme il l'a fait avec moi depuis toutes ces années. Tu garderas ainsi toujours un part de moi avec toi, et je continuerai à veiller sur toi. »


Cela faisait maintenant trois ans que la vieille était décédée, et Petitom se sentait très seul. Il aurait tant aimé avoir des amis avec qui jouer, mais il savait que les autres le craignaient. « Il faudrait un miracle pour que les gens du village m'acceptent et n'aient plus peur de moi », se disait-il, désespéré. Chaque nuit, Petitom s'endormait avec les images de sa vie d'avant en tête, les images de quand il était heureux.


Une nuit, Il fut réveillé par le tonnerre qui grondait et la pluie qui s'abattait violemment contre les lattes de bois de sa cabane. Il serra fort dans sa main le collier que la vieille lui avait donné ; lui qui avait toujours détesté l’orage, il aurait donné n'importe quoi pour qu'elle soit encore là, à ses côtés.

Il allait se rendormir lorsqu'il lui sembla entendre un appel lointain : « Au secours, aidez-moi ! » Avait-il rêvé ? Était-ce le sifflement du vent qui lui jouait des tours ? Il attendit sans faire de bruit, tendant l’oreille dans la nuit : « Au secours, à l’aide », entendit-il à nouveau. Cette fois, il en était sûr : quelqu’un avait besoin d’aide.

Il prit son courage à deux mains, enfila son ciré et, guidé par les appels à l'aide, il brava les éléments, oubliant sa peur. Il faisait sombre et les torrents d'eau avaient inondé toutes les berges du fleuve qui traversait la forêt. Même s'il connaissait la forêt sur le bout des doigts, Petitom se sentait perdu. Pour la troisième fois, la voix appela :

- Aidez-moi ! Je n’en peux plus !

Petitom accéléra tant bien que mal, malgré ses chaussures qui collaient dans la vase, malgré les bourrasques qui le rejetaient en arrière, malgré les branches qui fouettaient son visage. Tout à coup, il aperçut un petit corps, tout recroquevillé sur un rocher isolé au milieu du fleuve qui emportait tout sur son passage. C’était un enfant du village. Aussitôt Petitom l’encouragea :

- Par ici ! Je vais t'aider à sortir de là. N'aies pas peur, tout va bien se passer !

Petitom analysa rapidement la situation : il n'y avait rien sur quoi s'appuyer pour atteindre le rocher, et traverser le fleuve à gué était beaucoup trop dangereux. Il se mit à réfléchir : il lui fallait trouver une solution pour pouvoir rejoindre l’enfant et le ramener sain et sauf sur la berge sans se faire emporter par les flots déchaînés. Le temps pressait : le rocher sur lequel s’était réfugié le petit garçon n'allait pas tarder à être submergé. « Si seulement la vieille était encore là, elle saurait quoi faire. Elle trouvait toujours une solution pour nous sortir des mauvais pas », se dit Petitom en serrant fort son collier dans sa main.

Il lui sembla alors que la nature lui parlait dans une langue qui ne ressemblait à aucune autre, et que pourtant il comprenait. Dans un murmure, elle lui dit : « Petitom, je veille sur toi, quoiqu’il arrive. Ne crains rien de moi, toi et ton ami pourrez bientôt rentrer au village. » Alors le vent se calma, le fleuve s’apaisa et les nuages commencèrent à se dissiper. C'était à n'y rien comprendre ! Dans la voix de la nature, Petitom avait reconnu étrangement celle de la vieille.


La pluie avait cessé, et le niveau du fleuve était redescendu. Petitom put sans encombre rejoindre le petit, tout transi de froid sur son rocher. Il l’aida à en descendre. L’enfant, confiant, se laissa glisser dans les bras de son sauveur et lui dit : « C’est incroyable, tu as réussi à arrêter la tempête ! Tu m’as sauvé la vie ! Merci Petitom !


Petitom, tout à coup, se sentit grand. Il regarda le collier qu'il tenait entre ses mains et qui brillait de mille feux, comme si, soudainement, il avait pris vie. Il comprit alors que les rumeurs disaient vrai : la vieille avait bel et bien des pouvoirs magiques, mais ce n’était certainement pas ceux d’une sorcière : c'était bien plutôt ceux d’une fée.

Petitom raccompagna le jeune garçon au village où les parents de ce dernier lui offrirent de loger chez eux, et de faire partie de leur famille. Mais Petitom n’avait plus peur ; il ne se sentait plus isolé : il décida de rester dans sa cabane. Au cœur de la forêt, au cœur des murmures de la nature, qu’il aimait et qu’il comprenait désormais, il ne serait plus jamais seul.


Océane

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