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  • chantalbielmannjam

Truffe d'or

Dernière mise à jour : 29 avr. 2019



Il était une fois un garçon, fils de paysan, nommé Arnaud, qui vivait dans une grange à la campagne. Son père passait ses journées dans les champs de maïs fraîchement semés. Pendant ce temps, le petit garçon se baladait dans les bois, non loin de la grange. Durant ses balades, il déterrait des truffes qui lui faisaient penser à des mini-météorites tombées du ciel : il adorait les cuisiner avec son papa. Ces truffes était très précieuse pour eux : en les vendant au marché le samedi matin, ils gagnaient de quoi vivre convenablement. Le stand de truffes d’Arnaud était très réputé, et de nombreux acheteurs venaient de loin pour acheter sa précieuse récolte.

Arnaud aimait aussi cueillir des petites fleurs qui lui rappelaient sa maman, malheureusement décédée à sa naissance. Le petit garçon n’avait ni frère ni soeur, et parfois, il se sentait, seul, très seul. Le pauvre !


Un jour qu’il était à la recherche des fameuses truffes, lors d’une matinée ensoleillée, le garçon, tête baissée, tomba littéralement sur un ânon. Ce dernier était de petite taille, et muni de longs poils d'un brun soyeux. Une petite tache blanche sur le front faisait de lui un animal unique. Il avait chaud et se rafraîchissait dans une rivière, au beau milieu de la forêt. Il semblait terriblement seul et triste, tout comme Arnaud. Le petit garçon ayant pitié de l’animal décida alors de le ramener chez lui. Il pensa à son père, qui avait énormément de travail avec ses champs et ses poules, et qui rentrait chaque soir épuisé de sa journée. Il apprécierait sûrement l’aide d’un âne; et puis, s’il était moins fatigué, il aurait plus de temps à consacrer à son fils.


Arrivé à la maison, Arnaud présenta immédiatement l’âne à son père, qui, surpris, lui demanda :

- Mais où as-tu trouvé cet âne ?

- Je l'ai trouvé dans les bois, à côté de la ferme. Il était tout seul. Je crois qu'il

est abandonné.

Le père d’Arnaud, que son travail harassait, accueillit avec plaisir cette nouvelle recrue, qui allait certainement le soulager. Le soir-même, ils installèrent pour le petit âne un nid douillet rempli de paille; ils posèrent à côté de lui un seau d'eau et de la nourriture fraîche. L'âne semblait tout joyeux et détendu. Arnaud et son père décidèrent de le nommer ‘’Truffe’’, parce que la couleur brun foncé de son pelage leur faisait penser à leur champignon préféré.


Tous les jours, Arnaud prit plaisir à s’occuper de son nouvel ami. Chaque matin, il se rendait à l'étable pour lui donner des carottes et de l'eau, il a-do-rait ça. Durant les après-midis, il l’emmenait avec lui lorsqu’il partait à la cueillette des mini-météorites, qu'il séchait et emballait ensuite dans des petits sachets attachés d’un joli ruban rouge. Et tous les samedis, c’était encore avec Truffe qu’il allait vendre sa récolte au marché. Ses petits paquets étaient une grande fierté pour Arnaud: c’était la seule chose qu’il pouvait faire pour aider son papa. Tout allait donc pour le mieux dans le

meilleur des mondes; ni Arnaud, ni Truffe ne se sentaient plus seuls ou abandonnés, et ils étaient devenus inséparables.

Mais un soir, au beau milieu de la nuit, Truffe eut un petit creux. A côté de son box se trouvait la réserve de légumes et de truffes. Attiré par la bonne odeur des produits frais et des bacs de champignons, il saliva et ne put résister à l’appel de son estomac: il se rua dessus. En quelques minutes, tous les seaux de légumes furent vidés et il ne restait plus aucune truffe.

Le lendemain matin, Arnaud retrouva l’ânon couché, pattes en l’air, digérant tous les légumes et les précieuses truffes! Quelle pagaille! Pétrifié, Arnaud s’exclama:

- Mais pourquoi as-tu tout mangé ! Mon père sera fou de rage ! Que va-t-on amener au marché maintenant ? Comment allons-nous remplacer l’argent perdu ?

Au même moment, la porte de l’étable grinça, et une silhouette se dessina dans l’entrée .... C’était le père d’Arnaud ! Panique ! Il fallait absolument trouver une solution pour qu’il ne s’aperçoive de rien ! Arnaud tenta de dissimuler la vérité à son père. Ce dernier avança sans voir que Truffe était affalé dans le box et demanda à son fils:

- Arnaud! Que fais tu ici de bonne heure ? Il me semblait bien avoir entendu du bruit.

- Heuu.. rien.. dit Arnaud avec un grand sourire.

- As-tu vu Truffe ? Il faut qu’il m’aide pour labourer les champs.

- Non, je ne sais pas où il est.

Soudain, on entendit un bruit de digestion, et l’âne sortit de son boxe, mâchouillant innocemment une belle, grosse truffe. Le père fronça les sourcils et s’écria:

- Pourquoi a-t-il une truffe dans la bouche ?

- Je ne sais pas ... répondit Arnaud.

Alors le père vit la réserve saccagée et tous les dégâts que Truffe y avait fait. Il venait de détruire toutes leurs provisions et toutes les truffes prêtes pour la vente au marché! Atterré, le père décida de renvoyer sur le champ le petit âne. Arnaud tenta par tous les moyens de le convaincre de donner une seconde chance à son meilleur ami, mais rien à faire... C’était décidé, l’âne devait partir. Arnaud allait ramener immédiatement l’âne dans les bois, là où il l’avait trouvé, puis nettoyer le box et tout ranger. Mais l’enfant ne voulait à aucun prix se séparer de Truffe. C’était son ami, un ami qu’il avait tant attendu !

Désespéré, Arnaud nettoya lentement le box en espérant que son papa se ravise et qu’il pardonne à Truffe, qui ne savait pas quel sort l’attendait.

- Que va-t-on devenir, mon pauvre Truffe ? demanda tristement Arnaud à l’âne.

Le petit garçon commença donc à ramasser le foin en le mettant dans une brouette. Truffe s’assit et le regarda faire depuis l’extérieur du box. Il avait l’air confus d’avoir fait une telle bêtise. Arnaud soulevait à grands coups de fourche le foin pour l’entasser dans sa brouette. Quand elle fut pleine à ras bord, il saisit à deux mains les manches de l’engin. Il s’apprêtait à le pousser hors de l’étable lorsqu’il s’encoubla et renversa tout son chargement. Etalé par terre, il se releva, furieux contre lui-même, car il avait éparpillé toute la paille. C’est alors qu’il vit, au milieu des brindilles, toute une ribambelle de boulettes brillantes et dorées qui étaient tombées au sol. Le petit garçon n’en crut pas ses yeux. Mais qu’était-ce ? Intrigué, il se rapprocha et regarda attentivement cet étrange phénomène : cela brillait de mille feux ! il n'avait jamais rien vu de tel auparavant ! Ces drôles de petites boules ressemblaient à quelque chose qu’il connaissait bien... Il les observa durant quelques secondes, puis il se retourna et considéra Truffe d'un air étrange; enfin il s'exclama : « C'est ton crottin ! Un crottin d'or ! » Truffe le regardait de ses grands yeux innocents. Arnaud comprit que le festin de la nuit était à l’origine de ce miracle : Truffe transformait les mini- météorites en crottins d’or.

Excité, Arnaud courut aussi vite que possible jusqu'au champ où se trouvait son père, Truffe sur les talons. Il arriva essoufflé et cria :

- Papa ! Papa ! Tu ne vas jamais me croire ! Regarde ce que Truffe a fait ! Ce n'est pas fabuleux ? Nous sommes riches ! Nous sommes riches !

Le père regarda le crottin rutilant d'un air d’abord dubitatif, puis stupéfait. Ainsi, il abritait sans le savoir dans son étable un âne capable de faire des crottins d'or ? Il regarda l’ânon, qui le dévisageait avec ses grands yeux placides, puis son fils, rayonnant de bonheur.

- Dis, papa, est-ce qu’on peut garder Truffe, maintenant ? Il nous rendra riches et nous n’aurons plus jamais de problème ! supplia Arnaud avec un regard de chaton.

Evidemment, il n’était plus question de renvoyer un animal aussi précieux! Après tout, il n’était que bénéfique pour eux: il aiderait dans les champs, pondrait de l’or moyennant quelques truffes et serait le meilleur ami d’Arnaud.


A partir de ce jour, l'ânon fut plus que jamais gâté. Il reçut chaque soir sa ration de belles truffes, et il offrit en retour chaque matin une pleine pelletée de beaux crottins dorés à ses maîtres. Il n’eut même plus à travailler aux champs, car la famille était devenue riche ! Il passait donc ses journées à gambader autour de la ferme et à jouer avec son meilleur ami. Et pour signifier à quel point l’animal était devenu cher à leur coeur, Arnaud et son père le rebaptisèrent «Truffe d’or ».


Cristiana et Ophélie

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